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gemmaDifficile de retranscrire les mots en images et de calquer l'univers du roman. Et pourtant, la plupart des films sont des adaptations littéraires. L'Internaute Magazine vous énonce quelques règles incontournables.

L'adaptation fidèle

Difficile de respecter l'oeuvre, pourtant certains cinéastes tentent l'impossible. C'est le cas par exemple de Madame Bovary de Claude Chabrol et de Germinal de Claude Berri. Malgré leurs efforts pour retranscrire le roman en images, le film n'est pas une adaptation totalement fidèle, et ce pour trois raisons :
- Le langage des images ne reflète pas le langage des mots. Par exemple, les ellipses au cinéma (flash-back, fondus) qui représentent le temps. Ainsi, il y a un décalage réel entre une scène racontée et une séquence de film.
- Un film de 2 heures ou plus ne peut pas reprendre tous les événements et les gestes d'un récit de 300 pages. Le cinéaste doit donc faire des choix.
- Enfin, en adaptant, le cinéaste propose sa lecture, sa vision de l'œuvre, son interprétation. D'ailleurs, comme le dit Proust dans A La Recherche du temps perdu : "Chaque lecteur est, quand il lit, le propre lecteur de soi-même". L'adaptation fidèle reste donc une mission impossible.

L'adaptation libre
Contrairement à l'adaptation fidèle où le cinéaste tente de respecter l'oeuvre, l'adaptation libre, elle, permet au réalisateur de s'inspirer du livre tout en revendiquant le droit de le modifier. C'est ce que fait par exemple, René Clément avec "L'assommoir" d'Emile Zola, quand il filme l'un des personnages principaux, Gervaise (1955) ou Luchino Visconti adaptant Le Guépard de Lampedusa. Le résultat de l'adaptation libre est incertain. Elle est capable du meilleur comme du pire, car en revendiquant le droit de ne pas être fidèle, le cinéaste retrouve son univers : la liberté de créer des images originales. Il renouvelle le regard de l'écrivain et apporte un nouveau souffle à l'oeuvre. Ainsi, le roman n'a plus qu'à éspérer qu'un bon cinéaste l'adapte.

La transposition
C'est le cas le plus original d'adaptation car il permet de recréer une oeuvre. Le cinéaste a lu le roman mais décide de le réécrire entièrement, avec de multiples modifications comme des scènes inédites. C'est ce que fait, par exemple, Dieterlé en 1939 avec "Notre-Dame de Paris"; mais aussi Manuel de Oliveira pour "Madame Bovary". Ainsi, pour l'adapter, le cinéaste a d'abord écrit un scénario du roman de Flaubert, puis il demande à une romancière portugaise d'en tirer un roman. Résultat : l'intrigue se déroule de nos jours au Portugal. Enfin, il en extrait un scénario original et réalise un chef-d'œuvre.

Quelle que soit la solution, l'adaptation littéraire ne cesse de se développer. Cet essor conduit à un moyen pour comparer le roman au film. Qui est le meilleur ? En fait, c'est un faux problème. Tous ceux qui concluent que le talent de l'écrivain est supérieur à celui du cinéaste, oublient les chefs-d'œuvre du cinéma tirés de médiocres oeuvres littéraires, notamment le Barry Lyndon de Kubrick bien supérieur aux mémoires de Thackeray. Il y a des génies et des "petits" artistes au cinéma comme en littérature, en musique, en peinture.